Mi mars, je suis allée en Creuse, à Felletin plus exactement, pour une formation proposée par Lainamac, spécialement dédiée aux luminaires en feutre de laine. Cette région, que j'ai coutume de fréquenter depuis ma plus tendre enfance pour passer des vacances au vert dans la maison que mes parents ont rénovée il y a fort longtemps, c'est cette fois-ci le feutre de laine qui m'a valu cette escapade au centre de la France.
Plusieurs personnes autour de moi furent surprises de m'entendre dire que je partais me former sur les luminaires étant donné que j'en réalisais déjà. Oui, cela est vrai en effet et c'est d'ailleurs le fait de pratiquer et d'avoir déjà exploré cette thématique qui m'a fait prendre conscience de mes faiblesses dans la conception de luminaires mais aussi de mes désirs de réaliser certaines formes et formats qui supposent des compétences que je n'avais pas, tout du moins que je ne me sentais pas d'acquérir de façon totalement autonome.
La formation que j'avais déjà suivie une année auparavant auprès de Birgit Kirkam via Lainamac sur le feutre en volume, m'avait déjà convaincue que rien ne vaut la transmission directe dans l'apprentissage du feutrage à l'eau. Ce stage a eu un puissant impact sur mon activité et a littéralement boosté ma productivité. Mon projet de fin de stage était un luminaire, ce thème constituant déjà et depuis toujours mon principal stimulant pour travailler le feutre. Il s'agit du modèle ci-dessous de forme conique :
L'intitulé et le descriptif de la formation avec Emilie Olivier ne pouvaient pas mieux me convaincre, elle correspondait parfaitement à ce que je recherchais en complément de la formation sur le feutre en volume faite un an avant. Elle nécessitait d'ailleurs certains pré-requis pour y prétendre. Pour moi, le but à l'issue de cette masterclasse de 3 jours étant de me sentir capable de réaliser des formes particulières que je design et de pouvoir répondre aux requêtes précises des clients en termes de formats, de matières, de temps passé et de coût.
Luminaire en laines françaises : transparence, moulage et apprêt
OBJECTIFS : Concevoir un luminaire (abat-jour/photophore/guirlande lumineuse) en feutre fin déclinable en une infinité de variantes, à partir de laines françaises fines ou rustiques, en mobilisant la technique du feutre humide, du façonnage par moulage et du traitement de finitions par apprêts.
Nous étions au nombre de huit stagiaires venues de toute la France avec des activités principales très diverses : éleveuses, professeure des écoles, artiste plasticienne, créatrices et emploi tertiaires divers. Notre point commun : l'amour du feutrage et de la laine de mouton. Je ne mets pas volontairement de photos de notre groupe par respect pour les participantes.
La photo ci-dessous peut donner une idée du cadre : nous étions dans une grande salle du lycée professionnel des métiers du bâtiment à Felletin. Je n'ai que cette photo prise par mon adorable voisine de table Laure où je suis au premier plan (les yeux fermés), avec Emilie Oliver derrière moi et l'artiste Natasha Sansoz en arrière plan, venue avec son nouveau né (trop mignonne et que j'ai adoré pouponné).
Nous avons passé deux jours à réaliser des échantillons de différentes formes avec différentes laines et en créant divers décors. Le but étant de tester la transparence et les effets de lumière avec les différents types de fibres, tant en couleurs qu'en épaisseurs. Nous avons réalisé des échantillons simplement carré pour définir les coefficients de réduction puis nous sommes passées à la création de photophores cylindriques et sphériques.
Pout ma part, je tenais à travailler avec la laine cardée provenant de la ferme des Belines que j'affectionne tant. Une laine qui n'est pas des plus faciles à feutrer mais dont j'aime beaucoup le rendu. Mon challenge à moi était d'apprendre à la travailler en couches fines et à en mesurer la transparence. C'est pourquoi l'ensemble de mes réalisations sont de couleurs similaires. Je me suis amusée à transformée un de mes échantillons carré en vide-poche en redressant les bords.
Ensuite, nous avions une journée complète pour réaliser le luminaire que nous souhaitions. Moi, j'avais très envie de réaliser un globe de grande taille. En décors, j'aime ce qui est sobre, alors je me suis penchée vers les mèches de soie pour créer quelques vagues autour de la sphères telles des courbes de niveau sur une carte topographique. Comme un clin d'oeil à mes études de géographie...
C'était un projet audacieux à plusieurs titres :
- sa taille, je suis partie d'un chablon d'un mètre de diamètre ;
- la forme souhaitée : une sphère parfaite ;
- la laine utilisée : de la laine rustique en nappe qui a tendance à beaucoup gonfler au mouillage ;
- le décor en soie à faire tenir ;
- l'apprêt qui serait nécessaire pour son maintien m'était totalement inconnu, sans garantie que ça marche pour un tel format ;
- le temps qui nous était imparti : une petite journée seulement (écourtée pour faire le point et nettoyer les lieux).
Voici quelques images de sa réalisation.
Je ne vous cache pas que la mise en forme fut assez comique et ce n'est pas sans angoisse que j'ai gonflé le ballon... Ledit ballon qui a éclaté d'ailleurs ! Heureusement qu'Emilie en avait un autre à me passer.
Au final, je l'ai dégonflé pour le transport car c'était trop délicat de le transporter ainsi tout humide et collant. Je l'ai regonflé une fois rentré chez moi en Savoie et ça s'est très bien passé.
Il a trouvé sa place dans la trémie d'escalier qui monte à l'atelier et j'en suis vraiment très heureuse. Lors de sa création, je ne pensais pas pouvoir lui offrir une place de choix dans ma propre maison. Belle surprise !
Il prend l'aspect d'une grosse lune lorsqu'il est illuminé, ça procure une douce lumière très chaleureuse et les courbes en fil de soie prennent une toute autre allure.
Voilà pour le reportage photos de cette belle expérience dispensée par Emilie Oliver aka La Fée Capeline plus connue en tant que chapelière mais qui n'en maîtrise pas moins la confection de luminaires de toutes sortes et que je remercie chaleureusement.
À moi de jouer maintenant pour développer mon offre auprès des particuliers ainsi que des professionnels de la décoration d'intérieure ! Mais il y a déjà quelques modèles dispo par ici et n'hésitez pas à me contacter pour des demandes particulières.
Les dates du stage ne pouvaient pas mieux tomber. Un jour après avaient lieu les journées européennes du feutre à Felletin. J'ai pu y faire un saut pour la première fois, sur la route du retour. Alors certes au pas de course avec la famille pressée de retrouve la maison mais c'était déjà bien d'en avoir un petit aperçu. Cela m'a d'ailleurs valu une photo assez insolite de mon livre dans l'église de Felletin où se tenait la grande exposition sur le feutre (à voir jusqu'en juin).
Je vous laisse avec cette jolie photo d'Aubusson, ville voisine de felletin où nous avons passé un bon moment en famille et je vous dis à bientôt !
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